PRÉSENTATION

A quelques heures de la capitale du Mozambique se trouve la plage de Tofo. C’est un lieu mondialement connu pour l’abondance de sa faune marine et plus particulièrement pour les requins baleines et les raies manta. Dans un pays où la pêche n’est que très peu régulée et où le tourisme se développe, Marine Megafauna Foundation participe à la protection de ces animaux via la recherche, la conservation et l’éducation.

LE PROJET EN DÉTAILS

Le Paradis d’Inhambane

Nous sommes arrivés en milieu de journée à l’aéroport de Maputo. Après un après-midi à rassembler les derniers équipements, suivi d’une courte nuit dans une auberge, nous prenons le chapas (bus local) le plus matinal pour rejoindre Tofo et rencontrer Marine Megafauna Foundation.

Tofo est une plage immense est magnifique située dans la province d’Inhambane à 6-7 heures de route au nord de Maputo. C’est un endroit vraiment particulier avec une atmosphère incroyable. Indéniablement un des hauts lieux du tourisme au Mozambique, l’endroit est tout de même très authentique et reste un village de pêcheurs. Le tourisme s’est développé timidement autour de la plage magnifique : de la plongée et du surf, sans altérer l’endroit.

Il y a en réalité deux plages, Tofo et Tofinho. La première est là où se trouve le village. La seconde est un des meilleurs spots de surf du pays. Nous arrivons seulement quelques semaines après un énorme cyclone qui a laissé derrière lui des vagues de 5 mètres encore bien marquées. La plage fait plus de 5 kilomètres de long et elle est totalement sauvage. La vue des vagues énormes depuis le haut des dunes est simplement magnifique.

Le village de Tofo comprend une centaine de maisons et s’organise autour du marché, au bord de la plage. Les couchers de soleil y sont magnifiques.

A la rencontre de Marine Megafauna Foundation

Pour revenir à la raison de notre visite, quasiment toutes les activités ici tournent autour de l’océan. C’est un haut lieu de la biodiversité marine comme il en existe peu dans le monde. Deux espèces iconiques sont particulièrement présentes : les requins baleines et les raies manta.

C’est la raison de la présence ici de Marine Megafauna Foundation. Ils ont plusieurs lieux de recherche à travers le monde et celui de Tofo est le plus emblématique. Nous avons une semaine pour découvrir leur travail.

Marine Megafauna Foundation (MMF) a pour mission de protéger la vie marine via une approche pionnière alliant recherche scientifique, éducation des populations et mise en place de mesures de conservation.

Ces trois piliers définissant le travail de MMF sont une approche que nous voulions vraiment mettre en avant, et le meilleur moyen pour cela était de venir sur place suivre leurs activités.

Nous sommes arrivés un vendredi soir. Ce n’était pas prévu mais nous avons rejoint l’équipe au début de leur week-end lors de leur soirée hebdomadaire, ce qui nous a permis de rapidement nous intégrer.

Nous logeons dans les mêmes bungalows et l’idée est de partager une semaine type.

Après une belle soirée, nous avons organisé ensemble notre semaine ici pour faire le maximum de photos et vidéos. Quelles activités voir, qui interviewer et surtout quand aller voir les requins baleines !

Dans l’Océan

Le premier jour, nous avons surtout suivi différentes personnes pour en apprendre plus sur eux. Qui ils étaient, d’où ils venaient, pourquoi ils avaient choisi de travailler dans la protection marine… C’est aussi ça l’idée de The Blue Quest, mettre en avant les personnes travaillant dans ce milieu pour inspirer le public. A la fin de la journée nous avons pu nous mettre à l’eau dans de belles vagues à Tofo. Les conditions étaient excellentes car la plage est mieux protégée que Tofinhio. En sortant de l’eau, quelqu’un nous a demandé si nous n’avions pas peur des requins bouledogues. On ne sait toujours pas si c’était une blague ou non !

Le lendemain nous sommes partis pour notre premier Ocean Safari ! C’est une activité proposée par les centres de plongée de la zone pour amener les gens à la rencontre d’espèces marines iconiques. Ici ceux sont les raies mantas et requins baleines. C’est une activité ouverte à tous car elle se fait en snorkeling et apnée. Aucun équipement de plongée n’est requis à par un masque et un tuba. J’ai eu l’occasion de voir beaucoup de ces activités dites d’écotourisme.

Quand elles respectent des règles strictes d’interaction, comme c’est le cas ici, elles permettent de faire découvrir aux gens la beauté des océans et de les sensibiliser aux enjeux de la protection de manière concrète. Aussi et surtout, ces activités d’écotourisme génèrent un revenu intéressant pour les populations locales si elles sont en charge. Pour cela, il faut un océan en bonne santé et cela ramène à une constante qui est qu’un animal marin vivant rapporte plus qu’un animal marin mort ou pêché. Je vous invite sincèrement à prendre part un jour à ce type d’activité qui offrent des instants magiques. Cependant, veillez bien à ce qu’elles respectent des règles strictes d’interactions avec l’animal et favorisez les centres qui appartiennent à des populations locales ou travaillent main dans la main avec eux.

C’est le cas ici car nous sommes sur le bateau de Peri-Peri divers, un club local qui a en plus un partenariat avec MMF. Les scientifiques de l’ONG sont présents sur chacune des sorties gratuitement pour faire des relevés et prélèvements sur les espèces présentes afin de recueillir le plus d’information possible. C’est aussi avec ces actions concrètes de recherche qu’on reconnait les « bonnes » activités d’écotourisme.

Nous avons passé 3 heures dans les vagues en plein soleil à la recherche d’une masse noire dans l’eau. La chance n’a pas été avec nous et aucun requin n’a fait son apparition. Mais cette sortie nous a permis de rencontrer et passer du temps avec les scientifiques de l’ONG. Ils nous ont expliqué que les rencontres avec les requins sont de plus en plus rares car la population de l’espèce diminue à cause de nombreuses menaces comme la surpêche et la pollution. C’est honnêtement un énorme coup dur pour moi… Voir un requin baleine a toujours été un rêve et de savoir que nous n’en verrons probablement pas pendant le voyage m’a énormément déçu. C’est un rappel encore plus direct de la pression que subit nos océans.

Malgré la déception, il fallait rapidement se reprendre. Dès notre retour à terre nous commençons les premières interviews pour mettre en avant le travail de MMF mais aussi les personnes exceptionnelles y travaillant pour la protection de la mégafaune.

Dans les écoles

Les actions autour des trois piliers de la recherche sont vraiment inspirantes et ses interviews nous donnent une bonne image globale.

Dès le lendemain matin, nous partons avec l’équipe en charge de la partie éducative dans une école locale d’Inhambane. Nous avons suivi une des leçons hebdomadaires où les élèves sont éduqués sur l’océan, pourquoi il faut le protéger et par quels moyens. L’éducation de la prochaine génération dans les communautés côtières est une des missions éducatives principales de MMF. Malgré leur proximité avec l’océan, les locaux ont souvent une relation strictement en rapport avec la pêche. L’océan est vu comme un lieu dangereux, chaque famille a son lot de disparus en mer car peu de personnes savent nager. L’équipe éducative de MMF a donc mis en place le programme Nemos Pequenos dans lequel ils apprennent aux enfants à nager dans l’espoir qu’ils aient une meilleure connexion avec la mer et pour les encourager à la protéger.

Nous avons suivi pendant le reste de la semaine toutes les autres activités de recherche et d’éducation mais nous n’avons malheureusement pas pu voir la partie conservation, le 3ème pilier. MMF travaille en collaboration directe avec les communautés locales pour mettre en place des méthodes de pêche durables et des aires marines protégées. L’intégration des locaux dans le processus est bien sûr la clef. Heureusement nous avons une belle interview de Charlie, le responsable de la partie conservation, qui explique tout !

La plus belle surprise

La veille de notre départ, nous étions en train de filmer les dernières interviews et de préparer nos sacs pour repartir, le lendemain matin. Sans avoir vu de requin…

Je devais avoir l’air tellement déprimé qu’Alex, la responsable de la partie recherche, a réussi à faire en sorte qu’un Ocean Safari soit organisé tôt le matin, avant notre départ. Le timing était très serré car il nous restait une interview à finir et il fallait vraiment partir le plus tôt possible car les moyens de transport sont totalement aléatoires dans le pays.

En courant partout, nous avons tout fini pour partir dans notre dernier tour en bateau avec MMF et notre dernière chance de voir un requin baleine. La semaine s’était très bien passée et nous avons beaucoup sympathisé avec la dizaine de personnes travaillant chez MMF. Beaucoup sont donc venus avec nous.

Et nous avons vu un requin ! Un requin baleine de 8 mètres nageait tranquillement à un mètre sous la surface. Dès que le bateau s’est arrêté, nous nous sommes mis à l’eau pour essayer de faire les plus belles photos et vidéos possibles, et profiter de ce moment réellement magique. Nager à côté d’un de ces géants, le voir se déplacer en même temps lentement et pourtant rapidement, cela n’a pas de prix. C’est effectivement aussi assez compliqué, car le requin se déplace rapidement et il faut suivre le rythme ! Après m’être habitué, j’ai pu faire plusieurs belles photos en apnée. Le requin nous a tenu compagnie une heure entière avant de plonger rejoindre des profondeurs où il nous était impossible de le suivre.

J’espère vraiment que les projets comme MMF vont avoir l’impact et la visibilité qu’ils méritent, pour que ces espèces soient efficacement protégées. Nager avec un requin baleine est un moment magique que je souhaite au plus grand nombre. Celui qu’on surnomme « l’ambassadeur des requins » est totalement inoffensif pour l’Homme. Les rencontres avec de requin, qui est le plus gros poisson du monde, donnent une autre perspective de l’Océan.

Après ce moment tant attendu, et qui a tenu toutes ses promesses, il fallait rapidement revenir à Tofo en croisant les doigts pour que le bus ne soit pas déjà passé. Nous avons juste eu le temps de sauter sur la plage et attraper nos sacs pour courir au bus pour Vilankuos.

Pour cela il fallait traverser le détroit sur un bateau à la sécurité discutable et trouver l’arrêt (très aléatoire) du bus. Mais la chance était avec nous et nous sommes arrivés tard le soir à Vilankulos, première étape d’un long périple vers le Nord pour atteindre le second projet.

Je ne pourrai jamais remercier assez Marine Megafauna Foundation pour cette semaine passée avec eux, ce qu’ils nous ont appris et permis de vivre. Je vous invite à découvrir plus en détail leur travail incroyable sur leur site et voici aussi une vidéo que nous avons produit sur notre séjour parmi eux :

GALERIE